Jésus-Christ dans son incarnation "a été abaissé pour un peu de temps au-dessous des anges" (Hébreux 2:9), s'est soumis Lui-même à la mort sur une croix (Philippiens 2:8), et a pour cela été élevé à la droite du Père (Philippiens 2:9 ; Hébreux 1:3 - maintenant élevé de nouveau au-dessus des anges !) et "couronné de gloire et d'honneur" (Hébreux 2:9). Tout ceci était fait comme l'expression suprême de la grâce de Dieu, afin que Jésus "souffrît la mort pour tous" et conduise "beaucoup de fils à la gloire" (Hébreux 2 : 9-10).

Dieu le Fils s'est soumis au Père de plein gré, dans une impénétrable alliance de subordination volontaire dans l'éternité passée ; le Père a ensuite envoyé le Fils (Jean 20:21 ; quoique Paul nous dise que le Fils s'est "dépouillé lui-même", Philippiens 2:7); et le Fils a parfaitement accomplit la volonté du Père (Jean 17:4), même au point d'être élevé à la perfection "par les souffrances" (Hébreux 2:10).

Même dans son état glorifié, Jésus-Christ demeure (volontairement) d'une certaine manière, dans une position subordonnée dans sa relation au Père ; par exemple, Jésus explique à ses disciples que même dans son élévation il devra demander au Père d'envoyer le Saint-Esprit (Jean 14:16). Nous avons souvent tendance à penser que l'œuvre de représentation et de médiation de Jésus était à peu près terminée à la croix ; et que maintenant, ayant retrouvé la pleine expression de Sa gloire en tant que Dieu (Jean 17 : 5 ; Philippiens 2 .9), Il est lié à nous uniquement comme Dieu à l'homme ; et que son intercession pour nous auprès du Père (Hébreux 7 :25) est menée à peu près comme une transaction divine entre deux membres de la trinité.

Mais c'est un fait étonnant que Jésus-Christ soit encore pleinement humain tout comme pleinement divin, même dans Sa position élevée avec le Père, et continue à jouer un rôle unique en faisant la médiation entre Dieu et l'homme. Jésus-Christ sert de médiateur dans notre relation continue avec notre Père céleste, c'est-à-dire qu'il sert de médiateur dans nos vies d'adoration (ce qui résume tout ce que nous ferons et serons lorsque nous vivons sous la grâce devant Lui - cf. Jean 4:23 ; Romains 12:1 ; 1 Corinthiens 10:31).

L'écrivain de l'épître aux Hébreux décrit cette relation continue entre Dieu et le croyant, et le rôle de Jésus-Christ dans cette relation, d'une façon merveilleuse dans 2:12.

Le contexte d'Hébreux 2:12 Ayant décrit le dépouillement de Jésus-Christ et l'élévation qui s'en suit en 2:9-10, comme nous l'avons vu, l'auteur continue au verset 11 en faisant une étrange déclaration : que Jésus-Christ dans son dépouillement s'est Lui-même tant soumis au Père et tant identifié Lui-même à nous que l'on peut dire que Jésus-Christ ("Lui qui sanctifie") et les croyants ("ceux qui sont sanctifiés") peuvent tous être dits venant "d'un même Père". Et pas seulement cela, mais l'identification de Jésus-Christ avec nous trouve son plus profond accomplissement dans le fait "qu'Il n'a pas honte de nous appeler ses frères" ! Voilà sans nul doute une vérité profonde : c'est que Lui que le Père a "établi héritier de toutes choses, par lequel il a aussi créé le monde" (Hébreux 1:2), et qui est "le reflet de sa gloire et l'empreinte de sa personne" (1:3), désire nous appeler ses frères !

Le contenu de Hébreux 2 : 12

Dieu à l'homme

Ayant fait cette étonnante déclaration, l'écrivain continue au verset 2:12 à décrire le constant rôle de médiateur de Christ, dans les paroles du Messie, tirées du psaume 22:22. D'abord Jésus-Christ dit (à travers le Psalmiste), "J'annoncerai ton nom à mes frères". Tout comme dans son ministère terrestre, la première préoccupation de Jésus est la gloire du Père ; et Son rôle est de nous apporter la vérité sur Dieu, d'élever le renom de Dieu et d'exalter son caractère vis à vis de Son peuple.

L'adoration implique la déclaration de la révélation de Dieu et la réponse reconnaissante du peuple de Dieu.

Les Écritures sont les annales de la révélation de Dieu aux hommes ; et Jésus-Christ proclame ainsi la gloire du Père tandis qu'il sert de médiateur dans la communication de la vérité biblique aux cœurs des gens. De cette manière, avec l'aide du Saint-Esprit qui a été envoyé pour nous guider dans la compréhension de la vérité au sujet de Dieu (Jean 16:13), Jésus-Christ nous proclame effectivement le nom (la somme totale des attributs glorieux et du caractère) du Père.

Cette compréhension a de profondes implications dans la manière dont nous voyons ce qui se passe dans l'adoration en groupe. Le ministère de la prédication est vu comme une tâche extraordinairement importante et sainte, lorsque le prédicateur assume la responsabilité formidable d'être un canal pour le ministère de Jésus-Christ Lui-même, ministère de proclamation du nom du Père à ses frères. Dans un sens, le prédicateur remplit une fonction de "sous-sacrificateur" devant l'assemblée en représentant Jésus-Christ dans son rôle de grand sacrificateur (Hébreux 7 :23-8 : 2), de médiateur de la volonté divine du Père à son peuple. Le Fils de Dieu s'exprime à travers le prédicateur fidèle afin de montrer les merveilles de la gloire de Dieu.

Il y a bien sûr d'autres voies que la prédication dans lesquelles la communication de la révélation peut se faire dans l'adoration en groupe, d'autres voies par lesquelles Jésus-Christ nous proclame le nom du Père : à travers toute représentation de l'Écriture (parlée, comme dans les appels à adorer, les lectures à l'unisson et à réponse, etc.; chanté, dans les textes de l'Écriture mis en musique ; visuelle, imprimée dans des bulletins, écrite sur des bannières, etc.) ; ou à travers la communication exacte de vérité scripturaire, des paraphrases de l'Écriture et des commentaires sur l'Écriture (tout comme dans les commentaires faits par le directeur de louanges et adoration, les témoignages, les textes de chanson et d'hymne. Et bien sûr Jésus-Christ peut travailler à travers tous ces moyens (et plus) en dehors du culte d'adoration dans nos démarches individuelles d'adoration.

L'Homme à Dieu

L'autre moitié de l'œuvre de médiation de Jésus-Christ dans l'adoration nous est probablement moins familière.

"Je te célébrerai au milieu de l'assemblée" (Hébreux 2 :12b)

Jésus-Christ dans sa pleine humanité sert de médiateur non seulement dans la révélation de Dieu à l'homme, mais aussi dans la réponse de l'homme à Dieu. Dans notre adoration (qu'elle soit en groupe ou individuelle, formelle ou dans notre marche quotidienne), Jésus-Christ ne reçoit pas simplement notre adoration en tant que l'égal de Dieu, mais dans sa grande condescendance et son humanité accomplie, il est Lui-même l'adorateur suprême et parfait (cf. 2 : 12b, "Je te célébrerai") ! Et pas seulement cela, mais il conduit ses frères dans toutes leurs réponses d'adoration de Dieu le Père ("au milieu de l'assemblée"). Il ne s'accommode pas de recevoir l'adoration de ceux qu'il a gracieusement rachetés, assis à la droite du Père ; il veut plutôt absolument se tenir au milieu de ses frères et sœurs ; et pas seulement prendre part - mais véritablement conduire le chœur de réponse reconnaissante au Père pour Sa grâce !

Cette étrange vérité signifie que dans l'adoration de groupe ce n'est pas seulement le prédicateur qui a l'imposant devoir de représenter ou se tenir à la place de Christ, et d'être un canal de son ministère à Son corps : le conducteur de louange a le même devoir. Le conducteur de louange mène, chante et conduit en même temps, mais c'est Jésus-Christ qui dirige véritablement l'adoration - au nom de, et avec ses frères !

Comme le prédicateur est justement un canal pour le ministère même de Jésus-Christ de proclamation de Dieu à l'homme, ainsi le conducteur de louange doit être le canal pour le ministère de Jésus-Christ de louange à son Père ! Et avec reconnaissance, comme la vérité de Dieu peut briller plus avant et faire son œuvre même malgré un prédicateur humain médiocre - exactement parce que c'est Jésus-Christ Lui-même qui est finalement celui qui proclame - ainsi également les expressions de louanges limitées et faibles du conducteur de louange (tout comme celles du peuple) sont élevées, absorbées et transformées en une parfaite offrande d'adoration venant de Jésus-Christ Lui-même. Notre adoration est digne et agréable parce qu'Il est digne et agréable ; notre adoration est excellente dans la mesure où elle se connecte et se repose sur l'excellence de Jésus-Christ.

C'est la grâce appliquée aux plus profonds niveaux de notre marche chrétienne ; c'est la divine habilitation fournie par la vie de foi dans toute sa plénitude. Que ce soit dans l'adoration de groupe, dans l'adoration individuelle, ou dans notre marche quotidienne (qui doit aussi être de l'adoration, Romains 12:1), il n'y a pas une seule part de la vérité de Dieu que nous n'appréhendions sans que Jésus-Christ serve de médiateur à nos esprits et nos cœurs dans son ministère de proclamation du nom du Père à ses frères. De façon similaire, dans aucun des contextes cités plus haut (en groupe, seul ou dans l'adoration comme mode de vie) il n'y a de réponse d'adoration ou de gratitude ou d'engagement élevé au Père qui ne soit pas initiée ou permise par le Fils dans son ministère de louange au Père en la compagnie de ses frères.

Qu'est-ce qui pourrait donner un plus grand plaisir au Père dans sa relation à ceux qu'il a crées à son image, que de les voir recevoir sa vérité révélée et répondre avec amour et adoration ? Et par son merveilleux et gracieux dessein, ce qu'il demande, il le rend possible, car c'est lui qui "fait en nous ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ [dans son ministère de médiateur dans la Proclamation et la Louange]... auquel soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen ! " (Hébreux 13:21).

Jésus a cité le psaume 22:1 sur la croix, lorsque, en ce terrible moment où il devait prendre sur Lui les pêchés du monde, il cria : "Mon Dieu, Mon Dieu, Pourquoi m'as-tu abandonné ?" Le psaume dans son entièreté prophétise sur les souffrances et la victoire de Jésus-Christ ; on fait allusion ou on cite d'autres versets dans les récits de la passion dans l'Évangile y compris les versets 7, 8, 17 et 18. Le verset 22 (qui est cité en Hébreux 2:12) est dans la seconde section majeure du psaume (vv. 19-31), qui parle de la délivrance de Dieu et de la réponse de louanges de la victime. D'ici Hébreux 2 : 12 se réfère clairement à Jésus-Christ, et au temps suivant sa résurrection et son ascension ; en fait, le mot traduit par assemblée est le vocable du Nouveau Testament pour église !

Voir Gary Furr and Wilburn Price, The Dialogue of Worship: Creating Space for Revelation and Response (Macon GA: Smyth & Helwys, 1998). Cette terminologie est habituellement utilisée en termes d'adoration en groupe, mais elle peut certainement s'appliquer plus largement (aussi bien à l'adoration personnelle ou à la démarche quotidienne de l'adoration).

En fait, une telle présentation de l'Écriture est spécialement importante au début d'un culte. Plutôt que de se lancer tout droit dans une série de chansons ou d'autres éléments du culte, il est vital de s'assurer que tout cela est vu comme une réponse à la révélation ; la révélation se place en premier, chronologiquement et conceptuellement. De plus, il est recommandable de planifier après le sermon une période d'adoration raisonnablement étendue en réponse, puisque la révélation demande une réponse - plutôt qu'un rapide couplet d'un hymne et ensuite un renvoi aux conversations mondaines dans les bas-côtés et les salles !